Qu’est-ce que construire en terre crue ?

Selon le vocabulaire commun de la Confédération terre crue, la terre crue est un mélange naturel de différentes espèces minérales : argiles, limons, sables, graviers, cailloux qui forment sa structure granulaire. Le liant de ce mélange est exclusivement constitué par les argiles. L’emploi du terme terre crue exclut l’ajout de liants synthétiques, hydrauliques ou autres adjuvants. Par défaut, l’utilisation du terme « terre » sans précision doit signifier «terre crue ».

Ainsi, construire en terre crue c’est mettre en œuvre un matériau de terre crue pour réaliser des ouvrages porteurs ou non-porteurs, tels que murs, cloisons, planchers, toitures, voûtes ou dômes, et enduits, selon diverses techniques appropriées tant au matériau qu’au projet (masse, remplissage de structures en bois ou autres végétaux, maçonnerie de blocs de terre crue).

Ce matériau de terre crue pourra éventuellement être modifié par transformation physique (concassage, tamisage, broyage, pourrissement), et /ou par amendement de fibres et granulats géosourcés et/ou biosourcés, et/ou par le mélange de différentes terres à bâti.

Vigilance !

Certaines entreprises et certaines publications médiatiques font référence à des matériaux ou produits en terre ou en terre crue sans préciser ce que contiennent les dits matériaux ou produits. Si la Confédération terre crue se réjouit de l’intérêt contemporain pour cette matière, elle alerte les publics professionnels et non professionnels du bâtiment quant à l’utilisation de plus en plus dévoyée des qualificatifs « terre crue », « en terre » ou « de terre » afin d’éviter confusion et tromperie. En effet, alors que la matière terre a un fort pouvoir imaginaire, symbolique et esthétique, les dérives en écoblanchiment (traduction de « greenwashing ») appellent à un discernement aigu ne négligeant aucune dimension de l’acte de bâtir. C’est pourquoi la Confédération terre crue défend des modes constructifs locaux, écologiquement, socialement et économiquement vertueux, sur tout le cycle de vie des ouvrages (voir Nos communs).

Questions fréquentes

Pourquoi construire en terre crue ?

La terre, l’une des plus anciennes matières utilisées pour la construction de bâtiments, figure parmi les meilleures réponses aux difficultés contemporaines de la relation des humains à leur environnement. Matériau abondant, elle est utilisable sur les chantiers de construction ou de transformation. Extraite localement, sur place ou à proximité des chantiers, son usage évite l’impact environnemental des transports de matériaux standardisés parfois fabriqués à des milliers de kilomètres du chantier de construction.

Elle est par ailleurs un matériau fiable, comme le démontre l’important patrimoine mondial bâti en terre crue, avec des bâtiments allant jusqu’au R+5. Face au réchauffement climatique et aux nombreux épisodes caniculaires qui s’aggravent chaque année, la terre représente une alternative efficace à la climatisation. En s’appuyant sur des entreprises porteuses de ces savoir-faire, ce sont des emplois et des dignités qui sont cultivées. (pour en savoir plus, voir Nos Communs)

Quelles sont les techniques de construction en terre crue ?

Les techniques constructives en terre crue remplissent 3 fonctions principales :
– techniques porteuses ou de masse (bauges, briques de terre crue, pisés) ;
– techniques mixtes ou de remplissage (terres allégées, torchis) ;
– techniques décoratives, de parement et de finition (enduits).

Suivant l’adage « qui peut le plus peut le moins », une technique habituellement utilisée pour remplir une fonction porteuse peut-être employée à remplir le rôle d’une fonction non porteuse. Ainsi de suite. Par exemple, on trouvera, parfois, des briques de terre crue insérées en remplissage d’un pan de bois ; ou un mélange à torchis utilisé en enduit épais etc.

Dans quelles conditions construire en terre crue est vertueux d’un point de vue environnemental et social ?

En 2019, une étude de sensibilité menée par le CSTB (19.069 action 48 – terre crue) a permis en conclusion de confirmer plusieurs éléments identifiés par la filière terre crue, à savoir que :
– La distance de transport de la terre est un paramètre sensible. Il y a un lien direct entre la masse transportée, la distance et l’impact environnemental.
– Le statut de la terre mais également de la paille est un paramètre sensible.[…]
– Dans le cas où la terre est locale et considérée comme un déchet, les procédés de transformation tel que le compactage, broyage deviennent significatifs et doivent être considérés comme influents.
– La fin de vie du produit a une influence, là encore la distance de transport et le traitement en fin de vie sont à considérer.
– Le stockage du carbone dans les matériaux biosourcés a une influence sur les résultats, notamment en phase de fabrication A1-A3. […] »

Par conséquent, pour qu’une construction en terre crue soit vertueuse d’un point de vue environnemental et social, les matières constituant de la terre crue* employées dans une construction en terre crue doivent être très peu transportées ( 0 <10 km à <30 km du chantier); maintenues réversibles, soutenables, ne générant ni déchet, ni pollution, ni émission de gaz à effet de serre (par rapport aux procédés courants) quelle que soit l’étape; préparées, mélangées, mises en œuvre sur le chemin entre le lieu d’extraction et le site du chantier par des moyens majoritairement humains. Les savoir-faire de la construction en terre crue et les modes constructifs vernaculaires en général sont précieux. Ils permettent de faire face à la multiplicité des matériaux et des exigences constructives.

Les techniques porteuses

Par définition, un mur porteur est un mur massif entièrement construit de terre crue, portant les planchers, charpentes, toiture etc. Trois techniques de construction en terre crue peuvent remplir cette fonction : les bauges, les adobes et les pisés.

Les bauges

Définition

Terre crue préparée à l’état plastique en éléments qui sont empilés directement en place, historiquement le plus souvent sans coffrage, en plusieurs levées, pour constituer un mur porteur.

Documents utiles

Guide des bonnes pratiques Bauge

FDES BAUGE (Confédération terre crue)

Les briques

Définition

Éléments modulaires de tailles diverses, moulés ou façonnés, dont la cohésion interne est assurée par les argiles. Mélange de terre crue argileuse, d’eau, avec parfois des fibres végétales. Ces éléments sont séchés, avant d’être maçonnés avec un mortier de même composition.

Documents utiles

Guide des bonnes pratiques Briques

FDES Adobe (Confédération terre crue)

Norme XP P13-901

Les pisés

Définition

Terre crue coffrée et damée à l’état peu humide, sans ajout d’éléments végétaux, en couches successives, en vue d’élever un mur porteur.

Documents utiles

Guide des bonnes pratiques Pisé

FDES Pisé (AsTerre)

Les techniques mixtes

On parle de technique mixte quand l’apport en terre crue vient compléter une ossature primaire généralement en bois : le plancher, les combles de charpente, le pan de bois ou le colombage, etc.

Les techniques mixtes n’assurent généralement pas de fonctions porteuses mais il n’est pas exclu qu’elles puissent y contribuer. Des cas particuliers révèlent l’existence de liens de raidissement, de contreventement, et de distribution des tensions. Outre le remplissage des vides créés par l’ossature en bois, les techniques mixtes combinent aussi des objectifs complémentaires. La variété de matériaux (bois, fibres végétales, terre crue) peut par exemple contribuer à l’isolation (terre allégée), à l’inertie thermique du bâtiment et donc à son confort.

Les terres allégées

Définition

Mélange coffré de terre argileuse enrobant des granulats végétaux ou minéraux à visée d’isolation thermique venant remplir les vides d’une ossature ou doublant (épaississant) une paroi préalablement construite.

Documents utiles

Guide des bonnes pratiques Terre allégée

FDES Terre-Paille (Confédération terre crue)

Rapport de classement au feu (Ecoterre, FCBA)

Rapport d’essai réaction au feu (Ecoterre, FCBA)

Rapport de caractérisation (Ecoterre et Inventerre, LMDC)

Rapport d’essai chaleur massique (Ecoterre et Inventerre, LNE)

Rapport d’essai conductivité thermique (Ecoterre et Inventerre, LNE)

Rapport d’essai conductivité thermique (Ecoterre, LNE)

Les torchis

Définition

Le terme « torchis » désigne les multiples techniques qui lient à une ossature primaire de la terre à bâtir, des fibres végétales mélangées ou non (à l’état plastique ou parfois seché) à l’aide d’un support de fixation en bois, ou en cordes et autres vanneries.

Documents utiles

Guide des bonnes pratiques Torchis

FDES Torchis (ARPE Normandie)

Les finitions

Les enduits

Définition

Mélange plastique avec lequel on recouvre une surface (mur, plafond, coupole, … ) pour lui donner un parement uniforme et plan. Ses caractéristiques et fonctions sont de protéger de l’usure et des intempéries, et de participer à l’esthétique de la surface.